Parenthèse littéraire

Cyrille en classe de 6D partage l’une de ses créations

Il existait une très vieille demeure surplombée par le soleil qui faisait scintiller la moindre petite toile
d’araignée installée au milieu des tuiles du toit ou dans l’encadrure des fenêtres dont les morceaux de peinture
s’étaient effrités par le temps. Tous les rideaux étaient fermés, noircis par la crasse que le vent déposait de
temps en temps les jours de pluie et dépiautés par les jours de tempête. Toute la peinture des murs s’était envolée
vers le ciel légèrement nuageux ce jour-ci. L’intérieur était crasseux et le sol parcouru de mille poussières qui
grisaient le parquet troué de toute part et, par ces trous, on distinguait un sous-sol qui avait probablement été
inondé par les eaux souterraines et les rats le parcouraient, faisant tournoyer de tout côté leurs yeux rouges
luisants dans le noir. Dans la salle de bain, la baignoire était remplie d’une eau grise-noire et ses contours
étaient couverts de champignons un peu phosphorescents dans l’obscurité de la pièce. Le lavabo, lui, était rempli
d’une eau violette presque noire. Dans ce manoir vivaient deux monstres qui se cachaient du monde extérieur.
L’un était un vampire assez élancé à l’allure triste et mélancolique, au visage sombre qui montrait qu’il ne
s’était pas lavé depuis une éternité car il avait une quantité incroyable de pustules de différentes tailles,
de gros yeux globuleux bleus, un minuscule nez aplati, une mâchoire assez grande munie de dents gigantesques
pleines de caries dont s’échappait l’odeur d’une poubelle où grouillait une nuée d’asticots gesticulants dans tous
les sens. Ses pieds avaient des ongles incarnés sur tous les orteils. Ses cheveux blonds étaient devenus noirs de
crasse. Son nom : Crassaupou. Et le deuxième, était minuscule, un peu gros et ressemblait à de la gelée moisie sur
pattes. Son nom : Pouriglu.
Et un jour, un couple d’humains avec leurs trois enfants arriva devant la demeure avec les clés de la porte d’entrée.
Les deux monstres observèrent la scène depuis la fenêtre de la salle de bain, l’air dépité. Ils entendirent la clé
dans la serrure rouillée, et heureusement, elle était tellement rouillée que les humains ne réussirent pas à ouvrir
la porte en bois un peu mangée par les mites. Les monstres ne savaient pas quoi faire.
Les humains, restés devant la porte en rouspétant, tournaient en rond en essayant de trouver un moyen de passer cette
satanée porte. Crassaupou et Pouriglu organisèrent un plan pour les faire partir d’ici. Ils avaient un peu de temps
pour tout préparer, le temps que les humains arrivent à rentrer à l’intérieur de la sinistre maison. Quand cela
se produisit, les monstres étaient tout juste prêts à les faire déguerpir d’ici. Les cinq intrus pénétrèrent sur
le seuil de la masure laissant sur le parquet de grandes ombres inquiétantes dans le rectangle lumineux de la porte
qui couinait en ce moment-même. Ils appuyèrent sur l’interrupteur de la salle, ce qui fit clignoter le lustre juste
devant eux faisant, en quelque sorte, clignoter leurs visages, ce qui terrifia les deux monstres cachés dans la
pénombre de la pièce. Pouriglu prit son courage à deux mains, s’aplatit au sol tandis que les humains avançaient
lentement dans le hall, puis grimpa sur le mur pour arriver au plafond tout plein de moisissures, il sortit un couteau
et attendit le bon moment pour couper la corde qui retenait la lampe. Le lustre tomba à quelques centimètres de l’homme
qui, surpris, lâcha ses clés. Pouriglu sauta sur le trousseau et se mit à ramper en direction de la porte. Il passa à
l’extérieur de la vieille masure, ferma la porte rouillée, mit les clés dans la serrure, puis passa dessous et rejoignit
son ami. Les intrus s’étaient entre-temps retournés en entendant le cliquetis de la serrure. Mais les humains continuèrent
leur avancée sans trop se soucier de cela. Crassaupou passa au plan B.
Ils arrivèrent à l’entrée de la prochaine pièce (le salon) toute dévastée lorsque Crassaupou surgit de nulle part en
montrant ses canines et faisant apparaître ses yeux rouges écarlates luisants dans le noir. Les humains hurlèrent de
peur et coururent vers la porte pour essayer de l’ouvrir. Pouriglu alla leur ouvrir passant par-dessous et quand ils
ouvrirent la porte et qu’ils le virent, ils hurlèrent de nouveau. Et au bout d’un moment, Pouriglu partit rejoindre
Crassaupou de l’autre côté, les humains déguerpirent dans leur voiture et les monstres ne les revirent plus jamais.
Les humains étaient désormais partis habiter une maison bien plus moderne et sans monstres cette fois-ci et qu’il
n’y avait pas du tout besoin de rénover ou rebâtir à leur grand plaisir. Les monstres, quant à eux, faisaient une
petite fête en l’honneur du départ des humains et de leur victoire. La vieille masure n’avait pas changé sauf sur
un point qui était que le hall d’entrée avait perdu son lustre couvert de toiles d’araignées.
Fin

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